Les 12 et 13 juin derniers ont eu lieu à Longo Maï deux jours de formation sur le sujet des installations de panneaux photovoltaïques en auto-construction partagée suivis d’une présentation publique le 14 juin à la salle des fêtes du village. Qu’en retenir ?
Tout d’abord, l’idée qu’à plusieurs on est plus efficaces pour imaginer et réaliser une installation quelque soit la taille du projet. Ensuite, un principe de partage du chantier permettant la réduction du coût de l’investissement et donc son corollaire l’augmentation de la rapidité du retour sur cet investissement. Et bien sûr il faut considérer que l’expérience acquise par les premiers ‘installants’ profite à tous. Ici, il faut penser en termes de temps gagné et de sécurité assurée sur les chantiers.
Lors des 2 premiers jours d’abord, nous avons pu être sensibilisés à cette idée relativement innovante pour le photovoltaïque que la réalisation de chantiers d’installation en commun peut être pratiquée comme le fait notamment en Suisse la coopérative ‘e-Wende’ depuis 2014. Cette solution partagée a permis la mise en place et le raccordement de plus de 450 installations, et la production annuelle égale aux besoins de près de 2000 familles. Lors de sa présentation, Syril Eberhart, fondateur de la coopérative, nous a expliqué les principes de fonctionnement.
Quels sont-ils ? Rapidement, un projet d’installation imaginé par Max (appelons-le ainsi !) demande la participation de 3 personnes sur le chantier pour la main d’œuvre. Max va bien sûr participer au chantier supervisé par un planificateur qui valide la faisabilité technique et la sécurité du chantier. L’équipe ainsi composée des 4 ‘ouvriers’ (Max et 3 autres) plus le planificateur, va installer les panneaux et leur structure. Le raccordement est fait ultérieurement après contrôle. Ainsi composée, l’équipe est structurée, formée et le chantier correctement approvisionné et sécurisé. Vous l’avez compris, le planificateur est le garant technique et veille à la bonne exécution de l’affaire.
Le chantier fini, Max devrait à son tour en tant que main d’œuvre participer à quelques autres coups de mains sur des installations à venir. Et si Max préfère s’affranchir de son échange de travail, il peut toujours rembourser en espèces sonnantes.
Cet échange de temps de travail est me semble-t-il souvent utilisé dans un autre domaine, celui de l’agriculture sous la forme de l’entraide.
Autre avantage et non des moindres de cette solution portée par cette coopérative e-Wende est de pouvoir profiter d’un approvisionnement à tarif préférentiel en négociant les achats auprès des fournisseurs de panneaux, d’onduleurs et autres accessoires.
La coopérative permet ainsi, nous rappelle Syril Eberhart, d’avoir des coûts fortement réduits, une expertise technique dans la conception, une mise en place efficace, le tout dans une sécurité assurée. Le résultat en est une installation efficace et nettement plus rentable, qu’elle soit destinée à l’autoconsommation de l’énergie produite ou à la revente à l’opérateur national.
Une telle organisation autorise donc de réaliser de nombreux projets qui n’auraient pas été engagés, jugés non rentables avec un coût du ‘marché’ ou trop techniques par les propriétaires.
Voilà pour le principe de l’auto-construction partagée. Quels avantages financiers ? En pratiquant ainsi, les installateurs peuvent imaginer réduire leur coût d’installation de 30 à peut-être 60 %, cela dépend de la surface installée. Mais en tout cas, le ticket d’entrée dans le monde de la production électrique renouvelable est très fortement abaissé.
Quand on sait qu’en France, EDF est tenu par une obligation de rachat de l’électricité produite par panneaux photovoltaïques, sur une durée de 20 ans, et que sur notre territoire de Limans mais aussi en Provence, nos m² de toiture reçoivent en moyenne 1500 h annuelles de soleil, la production est tout à fait rentable en auto-construction partagée. Par exemple 3 années pourraient suffire pour rentabiliser une ‘petite’ installation de 3KW crêtes (de l’ordre de 20m²) en revente totale. Chacun étant libre de choisir initialement de consommer sa production, d’en revendre l’intégralité des KW/h créés ou le surplus, ou encore de choisir cette nouvelle formule de l’autoconsommation collective. Un projet pilote en France est réalisé à Forcalquier.
Les formules sont variées, et c’est aussi ce que nous proposait Jean-Michel Ferrand lors de ses interventions pendant ces journées. Fort de ses nombreuses expériences dans le photovoltaïque avec notamment sa présence dans une autre centrale villageoise du pays d’Aix, Jean-Michel souhaiterait réunir des volontaires afin de créer une structure (forme à définir) afin de porter cette dynamique et de réaliser des installations en auto-construction partagée sur un périmètre ‘local’ tout en ayant une assurance pour les personnes réalisant l’installation.
Lors de la deuxième journée de stage, nous avons visité les 2 réalisations en photovoltaïque de Longo Maï à Limans, l’une est en production depuis quelques années et apporte de bons retours d’expérience, une seconde est en chantier actuellement, et nous a donné l’occasion de voir in-situ les contraintes du chantier ainsi que la réalité du matériel.
Nous sommes repartis confiants sur la réalisation de ce projet dynamique et collectif pour des installations réalisables en commun avec la ferme volonté de lancer cette structure.
C’est donc aussi un appel à projets que l’on lance aujourd’hui, si vous voulez rejoindre cette équipée, vous êtes les bienvenus. Ensembles nous envisagerons ces possibilités.
À noter aussi la Centrale villageoise de Lure-Albion représentée par quelques-uns de ses sociétaires lors de la réunion du 14 juin et qui se positionne sur une activité légèrement différente. Ce n’est pas en effet de l’auto-construction que la Centrale propose, mais elle contribue néanmoins activement au développement local du photovoltaïque. Cette Centrale recherche et monte, contre loyer aux propriétaires, des projets sur des toits existants ou sur des terrains qui ne sont plus désormais utilisables pour des activités agricoles (ancienne décharge de Banon par exemple). Car même si de nombreux projets d’installations de panneaux photovoltaïques peuvent exister, tout le monde semble d’accord lors de ces journées et présentations pour dire qu’il est aberrant de vouloir raser des forêts pour installer des panneaux, mais que l’installation de projets de petite ou moyenne taille sur nos toits existants seraient une alternative tout à fait nécessaire. Certains pensent qu’elle pourrait être suffisante !
Dernière note positive, nous avons pu découvrir la présence d’une organisation intéressante avec une délégation à Forcalquier : Energie partagée, qui propose d’accompagner des porteurs de projets liés aux énergies renouvelables, une autre façon de participer en tant que citoyen à la nécessaire façon de repenser notre relation à l’énergie.
Je conclurais en vous proposant de venir rejoindre ce projet d’auto-construction partagée, une réunion sera probablement organisée dans les semaines à venir !
Pour tout contact, merci de contacter Laurent : escandelaurent04@gmail.com.
Pour plus d’informations sur le photovoltaïque lisez cet article.