« En cette période de fêtes propice à la fraternité, à l’harmonie et aux vœux bisounours, je voudrais pousser un « coup de g… » en tant que maire, en tant que citoyen et surtout en tant que Limanais soucieux de la concorde villageoise. Eh oui, il est parfois salutaire d’être décalé ! Ceux qui, parmi vous, ont appris à mieux me connaître depuis le début de mon mandat, savent qu’une chose fera toujours bondir le Don Quichotte qui sommeille en moi : l’injustice.
L’air du temps m’alarme. On y agite toutes sortes de peurs et de menaces, on y excuse l’invective, les brimades, la violence… voire on les légitime au nom de tel ou tel droit. Notre société traverse une crise morale de grande ampleur et pose de façon inédite la question du sens civique.
Je suis bien conscient que parler de civisme paraît ringard quand de tels comportements se généralisent : jeter ses déchets sur la voie publique ou dans une clairière, porter atteinte à la dignité d’autrui avec la bénédiction de réseaux sociaux souvent nauséabonds, casser le mobilier urbain ou un petit commerce, agresser certaines professions (médecins, infirmières pompiers, forces de l’ordre, enseignants, élus, employés municipaux…) dont la mission consiste justement à protéger les individus que nous sommes !…
Bel exemple pour les générations futures !
J’assume, je suis donc ringard mais je ne souhaite pas vivre dans un monde où il faut se désigner un ennemi pour se sentir important. Cette puissance est dérisoire au regard de la liberté de vivre, de la responsabilité qui en découle et du respect mutuel… Trois étendards pour lesquels il nous incombe de lutter sans relâche dans le temps si court qui nous est imparti. Est-ce trop demander ? Rien n’oblige quiconque à apprécier son voisinage ou à le fréquenter, la bienséance voudrait qu’au moins on le salue au risque d’être taxé de muflerie ; quant à la loi, elle condamne toute discrimination.
Limans n’est pas un village gaulois préservé. Les provocations, le harcèlement, les conflits de voisinage jalonnent son histoire.
Il n’y a pas si longtemps, des habitants se voyaient vilipendés au seul prétexte que c’étaient des femmes ou des étrangers.
Plus récemment, une cabale montée par quelques parents d’élèves a visé un instituteur, jusque-là apprécié de tous. En effet, pour maintenir la cohésion du groupe dans sa classe, il lui faut jouer le rôle d’éducateur qui parfois fait défaut à la maison… Ce qui lui est évidemment reproché !
Enfin, mon premier adjoint dont j’ai eu tout le loisir d’apprécier la finesse d’analyses et le travail de terrain, vient de m’annoncer sa démission. Victime de provocations diffamatoires incessantes de la part d’un riverain, il a voulu marquer d’un acte fort la dénonciation de ce harcèlement quasi-quotidien. Je regrette qu’il ait eu à prendre cette décision mais je le comprends et le soutiens pleinement.
Ce sont des cas parmi d’autres.
Personnellement, je n’ai jamais assisté en direct à ces exactions et, de ce fait, n’ai pu en référer à la gendarmerie de Forcalquier. Si elles devaient se reproduire en ma présence, sachez que je ne fermerais pas les yeux. De même, je demande instamment aux membres du conseil municipal de m’informer s’ils sont témoins de tels agissements pour que je puisse porter plainte, comme m’y engage la Préfecture que j’ai consultée à ce sujet. Enfin, j’en appelle à la vigilance des Limanais pour qui tolérance et solidarité sont des valeurs non négociables.
Il n’est pas de communauté humaine qui puisse s’épanouir dans la rancœur. Choisissons pour notre village la voie de l’échange, du partage et des bonheurs complices. Cette ambition est grande mais c’est la mienne. En cela, elle rejoint le message de Noël.
Je vous souhaite à tous de Joyeuses fêtes de fin d’année, en famille, entre amis.
Arnaud Boutet,
Maire de Limans. »