Chères habitantes, chers habitants de Limans !
Quelle étrange année 2020 qui s’achève, et inquiétante année 2021 qui s’annonce.
Il y a tout juste un an nous étions quelques un(e)s à trouver triste et dommageable qu’il n’y ait pas de liste en formation pour les élections municipales de mars, Arnaud Boutet et le conseil ne se représentant pas. Limans plein de « ressources humaines », et de désirs de convivialité, a bien accueillie notre démarche, assez improvisée, spontanée, réussissant en moins de deux mois à réunir six femmes et cinq hommes, aux profils de vie, professionnels et politiques variés, se traduisant par une élection sans surprise au premier tour sur la base commune d’une volonté de gestion de notre village la plus participative possible.
Sitôt le premier tour passé ce fut le grand chaos d’une crise sanitaire mondialisée avec son lot de sidération, d’incertitudes et de vulnérabilités en tous genres.
Avec une évidence, 2020 sera une année charnière du XXI siècle, après le séisme de l’avènement médiatique du terrorisme islamique du 11 septembre 2001 et le militarisme pour toute réponse, la crise financière de 2008 avec pour toute réponse l’endettement généralisé, 2020 sera l’année du carrefour à venir extrêmement dangereux pour l’avenir de notre entière humanité.
Non pas à cause d’un virus inconnu pas si mortel que ça, mais par tout ce qu’il révèle de fragilité d’un monde capitaliste à bout de souffle, mais dont la puissance de contrôle des populations, la puissance de contrôle financier, ses nouvelles logiques intrinsèques algorithmiques totalement détachées des réalités humaines, sont autant de freins à un véritable changement de mode de vie, de production, de consommation, d’organisation sociale, économiques qu’il serait urgent d’opérer si l’on ne veut pas se fracasser sur le mur des réalités du changement climatique, des énergies fossiles, des matières premières en surexploitation dans un monde fini, des pollutions multiples aux cocktails toujours plus mortifères, des sols, de l’eau, de l’air de plus en plus dégradés, tout comme une biodiversité animale, végétale pourtant garante de notre survie terrestre.
Les fondamentalistes technophiles, numériques et transhumanistes, expliquent clairement à qui veut les entendre, qu’il nous faut une révolution culturelle, admettre que la complexité des affaires du monde est telle que notre seule voie de salut est de nous soumettre à l’intelligence artificielle, au « solutionnisme numérique », probablement demain aux êtres humains génétiquement modifiés, ou « augmentés » à la sauce transhumaniste.
Un retour moderniste des « suprématistes », new-look, high-tech, d’êtres intelligents, cultivés, internationalistes, et pourtant nouvelle engeance de la bête immonde.
Les septiques dont je suis, désignés par le Président de la Start-up Nation France comme des arriérés datant de la lampe à huile et de la marine à voile, quasiment des Amichs, sont pris au piège d’une démocratie formelle et corrompue, dans et par son fonctionnement même.
Le Président n’est plus élu que par 20 % environ des inscrits, la gestion financière tenue par les banques centrales est hors de contrôle des élus, le poids des lobby industriels et médiatiques est immense, aggravé par un « pantouflage » public-privé des hauts fonctionnaires indécents, et un bouquet de révolutions technologiques des plus menaçantes pour les libertés et la démocratie.
Quoi qu’il arrive le fonctionnement actuel de nos démocraties va changer, en pire avec un néolibéralisme étatisé, algorithmique, autoritaire, ou en des réinventions de processus démocratiques si les peuples le veulent, et ne reculent pas devant le sang et les larmes pour défendre les valeurs universelles de liberté, de justice, de partage.
Des pistes de revitalisation existent, la « Convention Citoyenne » mise en place cette année en est un exemple. La fin de non-recevoir de ses conclusions par notre banquier Président qui l’a initié, est la démonstration parfaite du blocage total de toute modification d’un système politique autonome des orientations désirées par les populations qu’il administre. Il y a bien un peuple et des élites aux aspirations opposées. Les réseaux sociaux, auxquels je ne participe pas, sont loin d’être la principale menace de nos démocraties, mais un bon chiffon rouge pour un débat public bien orienté.
En témoigne l’étude d’opinion de l’Ademe de novembre 2020 sur les représentations sociales à propos du changement climatique, rapportée par le site « Reporterre ». Si les parlementaires sont enclins à 72 % à « relancer l’économie par tous les moyens afin de renouer au plus vite avec l’activité », la population préfère à 57 % « réorienter en profondeur notre économie en soutenant exclusivement les activités qui préservent l’environnement, la santé, et la cohésion sociale ». Même perception divergente sur la COVID-19, 58 % des sondés la pensent liée à une exploitation imprudente de la nature, 62 % des parlementaires ne voient pas le lien entre les deux.
À souligner tout de même une nette différence entre parlementaires, si 40 % des élus LREM et de la droite sont confiants en des solutions essentiellement techniques, à gauche 84 % pensent plus nécessaire une modification importante de nos modes de vie avec des changements partagés de façon juste et équitable.
Quant à la gestion gouvernementale de la crise sanitaire il serait normal en démocratie que des commissions d’enquêtes en tirent un bilan à la fin de cette pandémie. Bien informée, la France étant partie prenante, comme les USA, du fameux laboratoire P4 de Wuhan, la ministre de la Santé, A. Buzin, ayant alerté très précisément Matignon et l’Élysée dès la fin décembre, des questions précises et parfois très graves sont à poser sur le temps de réaction de l’État, puis les fautes énormes, incohérences, mensonges et décisions criminelles, comme le décret « Rivotril » du 29 mars, ou le classement de la chloroquine dans les substances dangereuses. Tôt ou tard il nous faudra y revenir sur le déroulé des événements et des décisions prises. Ou alors nous ne serons plus en démocratie.
Tous ces commentaires n’ont évidemment rien à voir avec un rejet de la démocratie, ils sont même tout le contraire. Crises et autoritarisme mène au pire. Le pire pourrait bien ressembler demain aux utopies du numérique alliées à l’intelligence artificielle, et au transhumanisme.
À Limans l’année à venir ne va pas être simple pour notre conseil municipal qui va constituer son premier budget prévisionnel dans les deux mois. Il va nous falloir décider des priorités, estimer ce qui est réaliste avec nos forces organisationnelles, les moyens financiers propres à la commune et les subventions possibles, mais pas toujours automatiques. Surtout dans le contexte de la crise un peu générale qui se profile pour 2021. Un débat public sera le bienvenu, l’information qui circule, vos propositions, critiques, participations nous sont essentielles. Chacun(e) à sa façon vous pouvez nous aider, merci.
Le départ fin janvier de l’ancienne secrétaire de mairie, après presque vingt ans de service, va sûrement un peu perturber les services que vous avez l’habitude d’attendre de la mairie, s’il vous plaît de la compréhension pour sa remplaçante à qui il faudra un peu de temps pour prendre pied, être vraiment opérationnelle avec Jeannine qui reste heureusement. Bonne route à elle !
Je vous prie de m’excuser, j’ai du mal avec les discours convenus de circonstance, je suis toujours un peu long avec des considérations de politique générale dont vous n’avez peut-être que faire. Mais je tiens à vous indiquer où j’en suis, et ouvert à toutes polémiques, échanges, en faisant la queue devant notre cher boulanger le vendredi ou le mardi.
Je vous souhaite sincèrement personnellement à toutes et tous une belle et bonne année, à ne pas vous laisser enfermer dans un présent assez terne, à nourrir d’autres horizons colorés de justice, de partage, d’amour, et de liberté.
Puissions-nous revendiquer haut et fort le droit au beau, au sensible, à l’inexpliqué, à la pensée libre, émancipée, à la fête, à la fraternité, et à la poésie.
Salut et fraternité. Nicolas Furet.
Le 31 décembre 2020.